L'enfance d'un chef de Jean Paul Sartre

Sartre est un écrivain et philosophe français, né et mort à Paris respectivement en 1905 et 1980. Politiquement engagé (très) à gauche, il avait des idées bien à lui, refusant par exemple le prix nobel de littérature en 1964 (peu en auraient été capables...), car il ne souhaitait pas être influencé et devenir partie d'une institution. Il avait une relation avec Simone de Beauvoir, ce qui a contribué à sa notoriété. Il a écrit pas mal de philosophie, si on compte la bagatelle L'être et le néant, L'existentialisme est un humanisme, mais aussi des romans, comme La nausée, et des nouvelles comme Le mur (avec donc l'enfance d'un chef comprise dans le recueil), et des pièces de théâtre, comme Les mains sales (que j'avais lu et qui de mémoire est pas mal et se lit vite).



Petite nouvelle très rapide qui donne un bon tour d'horizon des pensées de Sartre, ce philosophe adepte de l'existentialisme et du non sens de l'existence humaine.

Nous voici donc en compagnie de Lucien, petit garçon en quête de sens, plus particulièrement, à la recherche de son identité. Il ne parvient pas à s'imaginer chef de l'industrie menée par son père, ne se voit pas dans la peau d'un chef, et est d'ailleurs persuadé que son destin se jouera ailleurs, en dehors de cette lignée familiale.

On s'enfile avec ce petit bouquin toutes les théories freudiennes sur le complexe d'OEdipe (dérangeant? noooon), cette sexualité infantile assez particulière, et on devine l'intérêt du philosophe pour la psychanalyse, omniprésente notamment au début.

Lucien doute de son existence, un mal être se dégage de lui. Existe t-il vraiment? A t-il un sens? Il n'a pas décidé de naître, pas décidé de porter la vie comme un gros paquet cadeau inutile qu'on lui aurait donné, qu'il ne sait pas où mettre. Il cherche sa place, il cherche également sa sexualité, il veut se détacher de ce fameux complexe, s'essaye à plusieurs expériences. (Bergère? hum)

Il lutte contre son non-sens par la recherche d'un rôle social, et c'est en rencontrant une bande politisée (extrême droite) qui influence ses convictions et l'intègre - lui donne une place - qu'il module et développe sa personnalité définitive. Il se sent gonflé d'importance. Finalement, il se plie au désir d'être chef, ce qui pourtant lui paraissait aux antipodes de ce qu'il voulait initialement.

Bon, soyons honnêtes, Sartre, écrivain engagé et communiste de surcroit, fait passer ses idées à travers ce texte qui caricature et réduit l'homme d'extrême droite à un antisémite violent, lâche (cf la mise à tabac d'un seul homme contre toute la bande), perdu dans l'existence et qui se rattache à ce bout de bois flottant pour se sentir exister... Son anti héros est pathétique, traître lorsqu'il se retourne contre ses anciens amis. Sartre dénonce et parodie clairement la droite, il cherche à gagner des électeurs, il aurait presque pu écrire "la droite, c'est le mal" que ça aurait été pareil 😂 (et plus court). 

Bref, un texte à relativiser, mais qui laisse à réfléchir. 

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