J'ai trop aimé ce film... en même temps... j'ai toujours adoré les films de danse... whaaou 😍 (même si ce film là n'est pas ce qu'on pourrait appeler un happy end...)
Loïe Fuller vit avec son ivrogne de père - mais aimant ! - dans l’ouest américain. Le jour où ce dernier est tué par des bandits, elle décide de changer le cap de sa vie. En faisant un saut à Brooklyn pour faire un bisou à sa mère, elle rencontre Louis, noble certes drogué mais sympathique malgré sa mélancolie qui ne le quitte jamais d’une semelle. Il a l’agréable qualité d’être riche, ce qui permet à la jeune femme, en le volant, de se payer un aller simple pour Paris, pour l’Opéra, qu’elle a en vue.
Car il faut le préciser: Loïe se rêve comédienne, puis danseuse. Elle cherche le Beau, invente la « danse papillon » ou « fée électricité », danse réellement nouvelle pour l’époque, virevoltements de soie tendues à bout de bras. Cette chorégraphie ne serait cependant rien sans le jeu d’éclairages qui subliment l’ensemble. Loïe sait ce qu’elle veut. La volonté et le travail acharnés caractérisent cette femme un peu étrange, presque butée. On ressent une profonde admiration pour la foi qu’elle met dans son projet, sans douter un seul instant. (du moins au début…)
Elle est bien partie pour réussir, malgré l’éclairage si intense des projecteurs que ses yeux en brûlent (méchantes conjonctivites voire pire diagnostiquées), et aussi malgré sa danse qui, bien que l’effet visuel soit impressionnant, produit sur son corps des effets redoutables, la blesse, la rompt. Elle détruit son corps sous l'acharnement de son travail. Son approche nouvelle de la danse (ce n'est plus le corps de la femme qui est directement mis en valeur, mais le corps qui s'efface, vecteur d'une création aérienne, abstraite) lui vaut les applaudissements nourris des salles de spectacle, du cabaret des Folies Bergères au mirobolant Opéra de Paris (quelle ascension !).
Et quand arrive Isadora Duncan, jeune danseuse sensuelle (wiki dit qu'elle posera les bases de la danse contemporaine. Elle voit la danse comme spirituelle, naturelle; ses costumes sont légers au point qu'elle apparaisse presque nue sur scène), elle est poussée sur le devant de la scène par Loïe, totalement subjuguée par cet être volatil, enchanteur. Isadora est une jeune femme totalement dans son monde, une originale, pleine d'aisance, une vraie prodige de la danse... (Comment, dans l'art, le travail peut-il lutter contre cette grâce inée?) mais perfide pourtant, vu le chantage odieux et la manipulation dont elle se sert vis à vis de Loïe.
L'apparition de Isadora instaure des jalousies, rivalités paradoxales puisque Loïe n'hésite pas à s'effacer pour lui permettre d'occuper le devant de la scène. La phrase: "C'est elle, la danseuse", m'a fait un petit quelque chose. On oubliera cependant pas la scène d'humiliation, où Loïe l'embrasse, finie nue, et pire, seule.
Une des meilleures scènes du film? L’entraînement des danseuses dans le parc verdoyant de Louis... avec les violons endiablés, les gestes saccadés qui y répondent... un bonheur visuel !
Une polémique a tourné autour du film, en raison de la prétendue "lesbophobie" dont on l'accuse. En effet, l'Histoire a prouvé que Loïe Fuller était homosexuelle, alors que le film nous la ramène dans la norme hétéro. La réalisatrice justifie ce choix : il ne s'agissait pas du thème qu'elle voulait mettre en avant dans ce long métrage (alors que l'homosexualité de Loïe a sûrement joué pour beaucoup dans sa démarche créative), et que l'ajout d'un personnage masculin rétablirait l'équilibre dans ce film qui a pour figures principales, majoritairement, des femmes. Pour ma part, je ne m'en formalise pas plus que ça, d'autant plus qu'on devine très bien les attirances de Loïe pour Isadora, donc son côté lesbian n'est pas totalement renié... Mais, en dépassant le périmètre de ce film, ce débat ouvre une question plus vaste: l'homosexualité est-elle toujours taboue pour le cinéma français? (on dit moins vendeur, après je dis ça...)
Sans oublier la distribution !
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