Un roman qui a fait scandale dès sa parution en 1890.
SPOILER
Un roman au début envoûtant, mais qui s'assombrit au fur et à mesure des pages... On y discerne plusieurs thèmes, le principal étant sans doute le culte voué aux apparences, à la beauté et à la jeunesse, que l'on souhaite éternelles.
Dorian Gray est un jeune homme, beau, très beau, à en croire le roman. Un jour qu'on lui peint son portrait, il se trouve désespéré devant le résultat obtenu: ainsi, lui va vieillir, s'enlaidir, perdre sa jeunesse et sa fraîcheur, tandis que ce tableau, lui, ce portrait, va rester intact, exquis, rayonnant de sa beauté figée! Dorian devient presque jaloux de ce portrait, et souhaite que ce soit le portrait qui vieillisse à sa place.
C'est ce qui semble advenir...
Ainsi, alors que les années défilent et que Dorian conserve la grâce de son extrême jeunesse, le portrait vieillit à sa place, et le héros (assez antipathique) éprouve un remord incroyable à voir sur ce portrait les rides hideuses, les plis cruels qui se dessinent sur sa bouche, sa peau. Au point qu'il finit par éprouver une honte extrême, refuse d'exposer le portrait aux yeux de tous, et finit par le cadenasser dans son grenier.
On apprend, plus ou moins, qu'il mène une vie de débauche; opium, femmes, et même meurtres sur la fin. Il n'y a pas beaucoup de morale dans tout ça. Ce charmant dandy est responsable d'au moins deux suicides. Le portrait vieillit et s'enlaidit, souillé par cela.
Lorsqu'il se rend compte de tout ça, de la vacuité de la vanité, de son narcissisme vain, il souhaite devenir meilleur, et se décide à fendre le portrait; à briser la toile.
On le retrouve mort, hideux, méconnaissable. On le reconnait uniquement grâce à ses bagues. En revanche, le portrait auprès de lui, irradie comme au premier jour, toute trace de ride effacée... On peut penser qu'en tuant la toile, il s'est tué lui-même et a rétabli l'ordre des choses, que cela équivaut à un suicide. Ou bien qu'il était totalement fou depuis le début. En réalité, beaucoup d'ambiguités subsistent dans ce roman. Est-ce une autodestruction ou bien un accident? Pareil, l'homosexualité du personnage et de Henri sont sous entendues sans être révélées, et le sens de l'auteur est dissimulé. Proclame t-il l'hédonisme? L'absence de limites tranchées jette le lecteur dans le flou, le gris. Le thème du lien entre l'âme et le corps est aussi exploré. Est-ce une continuité? Deux entités séparées? Là encore, aucune prise de position n'est affirmée.
L'auteur dénonce la recherche du bonheur qui passe par l'égoïsme (ex: suicide de l'amour de Dorian; ce dernier tente de l'oublier, de se déculpabiliser, en allant à l'Opéra avec ses amis). Mais n'oublions pas que Wilde est partisan de l'art pour l'art; l'art est inutile à son sens, et ne doit pas être associé au bien ou à la morale (on le voit bien avec Dorian: ce dernier est si beau que personne ne le soupçonne de quoi que ce soit, alors qu'il assassine, ment, etc). Il fait dire à l'un de ses personnages: " Oui, j’aimerais écrire un roman aussi ravissant qu’un tapis persan et aussi peu réel. Mais il n’y a de lecteurs en Angleterre que pour les journaux, les manuels et les encyclopédies. De toute la population du globe, les Anglais ont le moins le sens de la beauté littéraire. "
SPOILER
Un roman au début envoûtant, mais qui s'assombrit au fur et à mesure des pages... On y discerne plusieurs thèmes, le principal étant sans doute le culte voué aux apparences, à la beauté et à la jeunesse, que l'on souhaite éternelles.
Dorian Gray est un jeune homme, beau, très beau, à en croire le roman. Un jour qu'on lui peint son portrait, il se trouve désespéré devant le résultat obtenu: ainsi, lui va vieillir, s'enlaidir, perdre sa jeunesse et sa fraîcheur, tandis que ce tableau, lui, ce portrait, va rester intact, exquis, rayonnant de sa beauté figée! Dorian devient presque jaloux de ce portrait, et souhaite que ce soit le portrait qui vieillisse à sa place.
C'est ce qui semble advenir...
Ainsi, alors que les années défilent et que Dorian conserve la grâce de son extrême jeunesse, le portrait vieillit à sa place, et le héros (assez antipathique) éprouve un remord incroyable à voir sur ce portrait les rides hideuses, les plis cruels qui se dessinent sur sa bouche, sa peau. Au point qu'il finit par éprouver une honte extrême, refuse d'exposer le portrait aux yeux de tous, et finit par le cadenasser dans son grenier.
On apprend, plus ou moins, qu'il mène une vie de débauche; opium, femmes, et même meurtres sur la fin. Il n'y a pas beaucoup de morale dans tout ça. Ce charmant dandy est responsable d'au moins deux suicides. Le portrait vieillit et s'enlaidit, souillé par cela.
Lorsqu'il se rend compte de tout ça, de la vacuité de la vanité, de son narcissisme vain, il souhaite devenir meilleur, et se décide à fendre le portrait; à briser la toile.
On le retrouve mort, hideux, méconnaissable. On le reconnait uniquement grâce à ses bagues. En revanche, le portrait auprès de lui, irradie comme au premier jour, toute trace de ride effacée... On peut penser qu'en tuant la toile, il s'est tué lui-même et a rétabli l'ordre des choses, que cela équivaut à un suicide. Ou bien qu'il était totalement fou depuis le début. En réalité, beaucoup d'ambiguités subsistent dans ce roman. Est-ce une autodestruction ou bien un accident? Pareil, l'homosexualité du personnage et de Henri sont sous entendues sans être révélées, et le sens de l'auteur est dissimulé. Proclame t-il l'hédonisme? L'absence de limites tranchées jette le lecteur dans le flou, le gris. Le thème du lien entre l'âme et le corps est aussi exploré. Est-ce une continuité? Deux entités séparées? Là encore, aucune prise de position n'est affirmée.
L'auteur dénonce la recherche du bonheur qui passe par l'égoïsme (ex: suicide de l'amour de Dorian; ce dernier tente de l'oublier, de se déculpabiliser, en allant à l'Opéra avec ses amis). Mais n'oublions pas que Wilde est partisan de l'art pour l'art; l'art est inutile à son sens, et ne doit pas être associé au bien ou à la morale (on le voit bien avec Dorian: ce dernier est si beau que personne ne le soupçonne de quoi que ce soit, alors qu'il assassine, ment, etc). Il fait dire à l'un de ses personnages: " Oui, j’aimerais écrire un roman aussi ravissant qu’un tapis persan et aussi peu réel. Mais il n’y a de lecteurs en Angleterre que pour les journaux, les manuels et les encyclopédies. De toute la population du globe, les Anglais ont le moins le sens de la beauté littéraire. "
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