Maupassant, Maupassant! Né en 1850 et mort jeune, en 1893 à Paris, c'est un écrivain qui a marqué la littérature française, l'enrichissant de six romans et de nouvelles. Son style maitrisé, son réalisme, la caricature de ses personnages, la tristesse et le pessimisme qui se dégagent de certaines de ses oeuvres, avec, parfois, un petit côté fantastique (lui-même devenant fou à la fin de ses jours) sont autant d'éléments qui caractérisent Maupassant. Il a côtoyé Zola et Flaubert.
Très courte de nouvelle d'à peine 40 pages, ce texte m'a laissé profondément révoltée! C'est d'une tristesse... Un tableau réaliste. Retours! Attention aux possibles spoilers.
L'histoire se plante en France, lors de la guerre contre la Prusse. Les vainqueurs envahissent les maisons des français, se repaissent à leur table. Certains ne peuvent supporter cette occupation, et fuient vers des contrées qui n'ont pas abdiquées.
Nous voici donc en présence de huit couples et deux autres électrons libres, Boule de Suif et Cornudet. Chacun de ses personnages, réuni dans la calèche, représente une classe sociale: c'est un parfait échantillon, hétéroclite mais obligé, par la force des choses, à une promiscuité désagréable, dont nous suivrons les péripéties... Nous trouvons donc des représentants de la bourgeoisie, des parvenus avares, médiocres, sans scrupules. On a aussi des baratineurs qui parlent forts, critiquent, jugent mais n'agissent pas beaucoup. On a l'aristocratie, la supériorité intellectuelle, qui poussera Boule de Suif à se livrer sans aucun remord.
Présentons un peu cette pauvre Boule de Suif. Prostituée grasse, c'est la seule affublée d'un surnom, ce qui donne un sentiment, dès le départ, d'infériorité, de non respect. Elle est méprisée par tous les autres personnages. C'est un objet de consommation, une femme-objet, symbole de l'immoralité. Cependant, elle partage avec tous les autres ses provisions, elle se sacrifie aussi pour eux pour qu'ils puissent quitter l'auberge, en couchant avec le prussien: ainsi, malgré cette immoralité, elle fait preuve d'un certain patriotisme, d'une dignité particulière; elle se montre généreuse, se sacrifie pour les autres. Elle devient respectable, honorable, malgré ses dehors qui n'en ont pas l'air. Le lecteur apprend sa valeur au travers des événements qu'elle traverse. Ces valeurs ne se trouvent pas forcément d'emblée chez les gens qui semblent le plus porté à les manifester...
Au contraire, tous les autres personnages de la calèche, malgré leurs apparences respectables, dignes, honorables, symbolisées par leur vertus (pour les femmes), leur politesse, leur délicatesse, leurs manières, leur fonction (en lien avec l'argent, très souvent, ou leur noblesse), ces personnages, donc, élites, se montrent de la pire lâcheté et petitesse durant le voyage! Ils méprisent Boule de Suif mais trouvent bien arrangeant d'accepter ses provisions lorsqu'ils n'ont rien à se mettre sous la dent, et en plus, ne pensent même pas à lui donner à manger lorsqu'elle se retrouve démunie! Ils sont abjects, l'égoïsme pure, l'hypocrisie pure. Même les religieuses, les deux bonnes soeurs qui (je pensais que seul le salut pouvait venir d'elles mais... faux espoir) mangent à sa table, ne lui donnent pas une seule once de leur saucisson à la fin du repas! Et dire que le partage, la miséricorde et la charité sont des valeurs chrétiennes! Le message de Maupassant ici semble clair, même si je ne suis pas forcément en accord avec lui; le trait parait grossit, il se moque!
On trouve donc un contraste saisissant entre la bassesse des gens dits "respectables" par la société, et les qualités et aspirations nobles de cette fille de rue, méprisée par le reste des hommes.
J'aime les messages forts que donnent les nouvelles de Maupassant, j'aime son style magnifique! Un texte à lire, très certainement!
Très courte de nouvelle d'à peine 40 pages, ce texte m'a laissé profondément révoltée! C'est d'une tristesse... Un tableau réaliste. Retours! Attention aux possibles spoilers.
L'histoire se plante en France, lors de la guerre contre la Prusse. Les vainqueurs envahissent les maisons des français, se repaissent à leur table. Certains ne peuvent supporter cette occupation, et fuient vers des contrées qui n'ont pas abdiquées.
Nous voici donc en présence de huit couples et deux autres électrons libres, Boule de Suif et Cornudet. Chacun de ses personnages, réuni dans la calèche, représente une classe sociale: c'est un parfait échantillon, hétéroclite mais obligé, par la force des choses, à une promiscuité désagréable, dont nous suivrons les péripéties... Nous trouvons donc des représentants de la bourgeoisie, des parvenus avares, médiocres, sans scrupules. On a aussi des baratineurs qui parlent forts, critiquent, jugent mais n'agissent pas beaucoup. On a l'aristocratie, la supériorité intellectuelle, qui poussera Boule de Suif à se livrer sans aucun remord.
Présentons un peu cette pauvre Boule de Suif. Prostituée grasse, c'est la seule affublée d'un surnom, ce qui donne un sentiment, dès le départ, d'infériorité, de non respect. Elle est méprisée par tous les autres personnages. C'est un objet de consommation, une femme-objet, symbole de l'immoralité. Cependant, elle partage avec tous les autres ses provisions, elle se sacrifie aussi pour eux pour qu'ils puissent quitter l'auberge, en couchant avec le prussien: ainsi, malgré cette immoralité, elle fait preuve d'un certain patriotisme, d'une dignité particulière; elle se montre généreuse, se sacrifie pour les autres. Elle devient respectable, honorable, malgré ses dehors qui n'en ont pas l'air. Le lecteur apprend sa valeur au travers des événements qu'elle traverse. Ces valeurs ne se trouvent pas forcément d'emblée chez les gens qui semblent le plus porté à les manifester...
Au contraire, tous les autres personnages de la calèche, malgré leurs apparences respectables, dignes, honorables, symbolisées par leur vertus (pour les femmes), leur politesse, leur délicatesse, leurs manières, leur fonction (en lien avec l'argent, très souvent, ou leur noblesse), ces personnages, donc, élites, se montrent de la pire lâcheté et petitesse durant le voyage! Ils méprisent Boule de Suif mais trouvent bien arrangeant d'accepter ses provisions lorsqu'ils n'ont rien à se mettre sous la dent, et en plus, ne pensent même pas à lui donner à manger lorsqu'elle se retrouve démunie! Ils sont abjects, l'égoïsme pure, l'hypocrisie pure. Même les religieuses, les deux bonnes soeurs qui (je pensais que seul le salut pouvait venir d'elles mais... faux espoir) mangent à sa table, ne lui donnent pas une seule once de leur saucisson à la fin du repas! Et dire que le partage, la miséricorde et la charité sont des valeurs chrétiennes! Le message de Maupassant ici semble clair, même si je ne suis pas forcément en accord avec lui; le trait parait grossit, il se moque!
On trouve donc un contraste saisissant entre la bassesse des gens dits "respectables" par la société, et les qualités et aspirations nobles de cette fille de rue, méprisée par le reste des hommes.
J'aime les messages forts que donnent les nouvelles de Maupassant, j'aime son style magnifique! Un texte à lire, très certainement!
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