Retours sur le Misanthrope, mise en scène par Clément Hervieu Léger, au théâtre des variétés.
Cette pièce est l'un des chefs d'oeuvre de Molière, et diffère de celles, plus légères, plus comiques, qu'il a pu écrire. Dotée de cinq actes, sa rédaction en 1664 se trouve dans les alentours de l'affaire Tartuffe (interdiction de la pièce pour irrespect envers les dévots et polémique). Cette oeuvre tranche avec celles de l'époque, entourées du charme de la comedia dell'arte (genre de théâtre populaire italien né au XVIe, avec émergence de troupes masquées, avec comme thématique la naïveté, la ruse, l'ingéniosité) et des farces françaises.
Cependant, cette comédie singulière connait le succès, et le portrait de la société contemporaine tiré par Molière dénote une grande clairvoyance des rouages de l'esprit du genre humain... Il critique les moeurs, dénonce les travers des hommes, leurs excès, met en lumière le caractère volage dont la cour est imprégnée.
Le choix du metteur en scène a été de mettre ses personnages en habit contemporain de notre époque (pantalon et veste) plutôt qu'en perruques comme ils devaient l'être à l'époque de Molière. Effectivement, Molière mettait en scène des personnages avec des habits de son temps, et non antérieurs à son temps.
Résumé de l'intrigue (attention spoiler...):
Alceste, le personnage principal, est un grand idéaliste, un misanthrope que cette particularité fait souffrir. Il est en quête d'honnêteté, refuse les flatteries et ne peut supporter les tendances de l'espèce humaine, tantôt malveillante et méchante, tantôt cautionnant ces pratiques sans les dénoncer. Il est en quête de sincérité, il veut "faire tomber les masques" que chacun revêt; l'hypocrisie lui est inacceptable. Il éprouve un dégoût pour l'Homme. Dans certaines scènes, cette misanthropie le fait devenir très agressif et injuste envers les personnes qu'il aime (Philinte son ami, Célimène...): il hurle à faire peur (chapeau au comédien...), il violente Célimène, il est agité comme un diable enfermé dans sa cage, il assène des méchancetés à Philinte...
Cependant, et de façon paradoxale, Alceste aime Célimène. Célimène, qui incarne tous ce contraire idéal... En effet, la jeune femme, veuve depuis peu, belle, coquette, mondaine, entretient tous ces défauts que Alceste ne peut pas supporter: critique des amis absents lors d'un repas, accueil souriant d'une femme qu'elle déteste (ex: acte III, scène IV: amitié feinte de deux personnes hypocrites, fausses politesses où des propos blessants se cachent derrière les paroles amicales), petits soins envers les personnes proches de la personne du Roi, désir de plaire à tout le monde, etc. Et on découvrira d'ailleurs au fil de la pièce qu'elle aime séduire et plaire, et que son inconstance supposée deviendra une certitude... Elle appartient à cette société du jeu et du paraître, elle vit pour ses plaisirs, dans un mode tout épicurien, et ses relations amoureuses, ces faux-semblants, ne sont qu'un jeu pour la distraire, une façon pour elle de bâtir sa vie sociale, d'en tirer des intérêts.
Philinte, ami d'Alceste, est un homme bon, qui vit avec l'esprit et les moeurs de son temps: au lieu d'avouer en toute franchise que les vers d'un personnage influent sont exécrables, il préfère lui laisser entendre qu'ils sont tout à faits bons. J'ai trouvé que ce personnage représentait une sorte d'équilibre: il refuse de céder à l'honnêteté à la fois par politesse et désir de conservation d'ententes cordiales (car trop de franchise nuit certainement à la vie en société...) mais n'est pas hypocrite au point de renoncer à son amitié avec Alceste en raison de sa bizarrerie.
Acaste et Clitandre sont deux marquis sans substance qui appartiennent à la société du paraître. Eux-aussi jouent avec Célimène, tentent de s'approprier ses faveurs, plus par ego que par réel amour pour sa personne (au contraire de Alceste, qui l'aime véritablement). Ces petits marquis sont gonflés de leur propre importance et de la conscience aiguisée de leurs charmes et de leur noblesse, de leur place auprès du Roi. L'hypocrisie se retrouvent aussi chez eux, où on découvre à la fin, lors de la disgrâce de Célimène, la totale portée de leur mesquinerie.
Une oeuvre à courir voir, ou au moins à lire. Du Molière différent des autres pièces par un comique plus subtil, mais une critique de la société toujours aussi percutante.
Cette pièce est l'un des chefs d'oeuvre de Molière, et diffère de celles, plus légères, plus comiques, qu'il a pu écrire. Dotée de cinq actes, sa rédaction en 1664 se trouve dans les alentours de l'affaire Tartuffe (interdiction de la pièce pour irrespect envers les dévots et polémique). Cette oeuvre tranche avec celles de l'époque, entourées du charme de la comedia dell'arte (genre de théâtre populaire italien né au XVIe, avec émergence de troupes masquées, avec comme thématique la naïveté, la ruse, l'ingéniosité) et des farces françaises.
Cependant, cette comédie singulière connait le succès, et le portrait de la société contemporaine tiré par Molière dénote une grande clairvoyance des rouages de l'esprit du genre humain... Il critique les moeurs, dénonce les travers des hommes, leurs excès, met en lumière le caractère volage dont la cour est imprégnée.
Le choix du metteur en scène a été de mettre ses personnages en habit contemporain de notre époque (pantalon et veste) plutôt qu'en perruques comme ils devaient l'être à l'époque de Molière. Effectivement, Molière mettait en scène des personnages avec des habits de son temps, et non antérieurs à son temps.
Résumé de l'intrigue (attention spoiler...):
Alceste, le personnage principal, est un grand idéaliste, un misanthrope que cette particularité fait souffrir. Il est en quête d'honnêteté, refuse les flatteries et ne peut supporter les tendances de l'espèce humaine, tantôt malveillante et méchante, tantôt cautionnant ces pratiques sans les dénoncer. Il est en quête de sincérité, il veut "faire tomber les masques" que chacun revêt; l'hypocrisie lui est inacceptable. Il éprouve un dégoût pour l'Homme. Dans certaines scènes, cette misanthropie le fait devenir très agressif et injuste envers les personnes qu'il aime (Philinte son ami, Célimène...): il hurle à faire peur (chapeau au comédien...), il violente Célimène, il est agité comme un diable enfermé dans sa cage, il assène des méchancetés à Philinte...
Cependant, et de façon paradoxale, Alceste aime Célimène. Célimène, qui incarne tous ce contraire idéal... En effet, la jeune femme, veuve depuis peu, belle, coquette, mondaine, entretient tous ces défauts que Alceste ne peut pas supporter: critique des amis absents lors d'un repas, accueil souriant d'une femme qu'elle déteste (ex: acte III, scène IV: amitié feinte de deux personnes hypocrites, fausses politesses où des propos blessants se cachent derrière les paroles amicales), petits soins envers les personnes proches de la personne du Roi, désir de plaire à tout le monde, etc. Et on découvrira d'ailleurs au fil de la pièce qu'elle aime séduire et plaire, et que son inconstance supposée deviendra une certitude... Elle appartient à cette société du jeu et du paraître, elle vit pour ses plaisirs, dans un mode tout épicurien, et ses relations amoureuses, ces faux-semblants, ne sont qu'un jeu pour la distraire, une façon pour elle de bâtir sa vie sociale, d'en tirer des intérêts.
Philinte, ami d'Alceste, est un homme bon, qui vit avec l'esprit et les moeurs de son temps: au lieu d'avouer en toute franchise que les vers d'un personnage influent sont exécrables, il préfère lui laisser entendre qu'ils sont tout à faits bons. J'ai trouvé que ce personnage représentait une sorte d'équilibre: il refuse de céder à l'honnêteté à la fois par politesse et désir de conservation d'ententes cordiales (car trop de franchise nuit certainement à la vie en société...) mais n'est pas hypocrite au point de renoncer à son amitié avec Alceste en raison de sa bizarrerie.
Acaste et Clitandre sont deux marquis sans substance qui appartiennent à la société du paraître. Eux-aussi jouent avec Célimène, tentent de s'approprier ses faveurs, plus par ego que par réel amour pour sa personne (au contraire de Alceste, qui l'aime véritablement). Ces petits marquis sont gonflés de leur propre importance et de la conscience aiguisée de leurs charmes et de leur noblesse, de leur place auprès du Roi. L'hypocrisie se retrouvent aussi chez eux, où on découvre à la fin, lors de la disgrâce de Célimène, la totale portée de leur mesquinerie.
Une oeuvre à courir voir, ou au moins à lire. Du Molière différent des autres pièces par un comique plus subtil, mais une critique de la société toujours aussi percutante.
Commentaires
Enregistrer un commentaire