Cinq méditations sur la beauté de François Cheng

Salut à tous!

Aujourd'hui dans cette nouvelle chronique, je vous présente un livre que j'ai adoré... un livre qui traite sur la beauté! Oui, ça met de bonne humeur!








François Cheng, de l'Académie Française, auteur de ce livre qui passait incognito depuis si longtemps dans ma bibliothèque avant que je ne mette mon nez dessus presque par hasard, est un Chinois naturalisé français, et a écrit de nombreux recueils de poèmes, romans, essais. Lui-même s'adonnant à la calligraphie, il a traduit quelques oeuvres poétiques, enrichissant nos livres de poèmes chinois dorénavant à notre portée.   

Je me suis faite une fiche de lecture tout au long du livre, pour ne pas me perdre entre deux méditations. En effet, je ne pense pas que ce soit le genre de livre idéal à lire dans la précipitation entre deux stations de métro... Il faut mieux être bien tranquille, reposé, au calme. Les notions abordées et surtout les réflexions de l'auteur sont très pertinentes, bien approfondies, et il faut prendre garde à ne pas s'y perdre. J'ai parfois eu du mal à saisir les concepts qu'il tentait d'illustrer. 

"Chacun ses goûts", phrase apaisante qui balaie les désaccords inévitables lorsqu'on parle d'art. Oui, mais non. Je veux dire: l'auteur ici ne se contente pas de ça, bien au contraire: la pensée qu'il avance est en rébellion avec ce dicton, dans le sens où François Cheng tente bel et bien, dans la dernière méditation notamment, d'établir des critères de valeurs pour jauger de la beauté d'une oeuvre d'art. 

Fort de sa double culture chinoise-française, l'auteur fait parfois référence à des peintres et poètes chinois que nous ne connaissons point; cela est parfois frustrant, mais cela est également très enrichissant: obligée de rechercher de moi-même sur internet les oeuvres mentionnées, ma culture chinoise jusqu'alors inexistante s'en est trouvée agrandie... Ce livre est une porte d'entrée vers la vision esthétique chinoise, et permet la découverte de grands artistes. 

J'ai trouvé intéressante l'antithèse que l'auteur établit entre le Mal et la beauté. Cela sous tend que la bonté et la beauté entretiennent une relation étroite, qui se retrouve par exemple, en dehors de toute beauté formelle, dans le sourire généreux d'une personne âgée. L'auteur compare et associe les trois grandes entités que sont le Bien, le Beau et le Vrai. Tout le raisonnement se base sur la définition que l'on peut attribuer à ces trois concepts. Peut-on dire que la vérité réside dans toute beauté? La beauté est est-elle un ajout ornemental, une qualité intrinsèque et originelle plutôt que le résultat d'un accident, du hasard? La "beauté du diable" peut elle être qualifiée de vraie beauté? Que signifie la phrase "la beauté sauvera le monde"? Quel est le lien établit entre beauté et bonté, et où se place la vérité par rapport à eux? L'univers tendrait-il naturellement vers une plénitude qui ne serait autre que la pleine beauté?

Autant de questions, et autant d'autres abordées par cet ouvrage, que je recommande fortement, tant les portes qu'il nous ouvre donnent sur des réflexions singulières, des sujets auxquels nous ne pensions pas d'un intérêt particulier, et qui, au contraire, se révèlent passionnants lorsqu'on les creuse un peu. 


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