Terre des oublis de Duong Thu Huong

Hello !

Ma cadence de lecture se réduit de plus en plus mais voici malgré tout un nouvel article qui ouvre sur l'univers vietnamien, avec ce magnifique roman qui est juste incroyable ! Une histoire que je n'avais à présent jamais lue, jamais au sens d'un scénario inédit, bien loin des ficelles mille fois tirées des intrigues de mes livres habituels.


C'est le 2e ou 3e bouquin asiatique que je lis, et franchement, j'adoore
Plus explicitement, c'est une perle envoûtante, une tragédie qui met en opposition deux hommes qui aiment la même femme, l'un est le mari revenu de la guerre que l'on croyait mort, l'autre est le mari actuel, qui cède la place au premier, à l'instar de la femme. On constate avec effroi la dignité et l'honneur rigides qui ornent les personnalités, on frissonne devant la puissance du jugement de la communauté, propre à influer sur les choix et les bonheurs individuels. On voit aussi les basses manigances, l'horreur de la guerre et la folie de la maladie, on voit l'égoïsme et la souffrance d'un homme qui a vécu l'enfer pour rentrer chez lui.

L'écriture est fraîche, on suit les pensées de ces personnages complexes. J'ai surtout eu du mal à comprendre le paradoxe terrible qui entre dans les choix de Minh (de mémoire je crois que la femme s'appelle Minh mais pas sûre...). Cette dernière aime son mari (son deuxième mari). Quand son ancien mari que tout le monde pensait mort revient de la guerre, maigre comme un clou, avec une haleine pestilentielle difficilement endurable même pour les vautours, sans un seul sous et impuissant par dessus le marché, Minh, au lieu de le jeter comme tout bon déchet... accepte de retourner vivre avec lui dans son habitat de misère, avec les vauriens d'enfants de la soeur de Bôn (le fameux mari revenu d'entres les morts). Elle renonce ainsi à une vie de luxe, d'amour et de volupté à cause de la peur d'attirer à elle les mauvais regards des voisins et des commères. Oui oui. Triste. 

Au début, je dois avouer que je n'aimais pas vraiment Bôn. Je le trouvais vraiment misérable, à faire subir tout ça à Minh (je crois que c'est Mien en fin de compte), à courir après les herbes pour raviver sa virilité (hum hum), à être persuadé qu'obtenir un enfant de Mien la lierait à lui pour l'éternité. Il excitait vraiment ma colère, puis, lentement, ma pitié. Une forme de répulsion déguisée. Et j'ai appris à connaître ce personnage totalement inadapté, mutilé par son vécu de la guerre, qui quitte une situation qu'il méprisait pour se rendre finalement compte, à la fin de l'histoire, qu'il s'agissait en réalité de son bonheur, et qu'il a quitté pour une chimère. 

Un livre vraiment agréable à lire, très frais !

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