Patrick Suskind, allemand, romancier, né en 1949. Pas encore mort, à ce qu'il parait, sauf si wikipédia n'a pas été actualisé. Je vais courir lire les autres romans qu'il a écrit...
Spoiler!
Le parfum, ou l'amour dévorant....
Pourquoi ce livre est-il génial??
C'est une véritable pépite, je l'ai lu d'une traite. Je n'ai jamais rien lu d'aussi original, d'aussi frais (malgré certains côtés morbides.... tmtc), même La Horde du Contrevent ne le vaut pas! J'ai trouvé le texte bourré d'ironie noire, de cynisme si poussé à l'extrême que bien des passages m'ont fait rire. L'écriture est délicieuse. Jusqu'au nom du personnage principal qui est absurde: Jean-Baptiste Grenouille!!
Que fait donc ce Grenouille? Outre sa laideur exceptionnelle et son absence exemplaire de moralité (pour lui, point de bien, point de mal, uniquement sa quête du parfum parfait, et la fin ici justifie très bien les moyens), Grenouille est personnage unique en son genre, puisque dépourvu de la moindre odeur (pratique pour passer inaperçu) et paradoxalement doté d'un nez surpuissant, le fin du fin, qui lui permet de sentir toutes les odeurs de chaque atome à des lieues à la ronde. La seule chose qui semble un tant soit peu l'affecter est sans absence absolue d'odeur.
On le compare très souvent à une tique. Le narrateur n'a pas fait de cadeau à son personnage; il le tourne souvent en dérision, rien ne lui est épargné, ni les maladies, ni les cicatrices, ni la laideur, ni les déformations; d'ailleurs, tout est porté en dérision dans ce livre, où le respect pour la religion ou les ambitions humaines est totalement anéanti. On voit avec force tout l'égoïsme et les côtés purement profiteurs de certains personnages, tous ceux qui exploitent notre héros misanthrope, toutes les bassesses humaines. Entre le tanneur qui lui fait manger n'importe quoi et le traite moins qu'un animal quant aux conditions de vie, logement, travail, entre le parfumeur qui lui soutire sans scrupule toutes ses formules de parfum et s'arroge son talent, sans compter tous ceux, lorsque Grenouille tombe malade, qui veulent le voir vivre quelques jours de plus uniquement pour servir leurs intérêts; tout cela laisse à réfléchir.
Le monde des odeurs est exploité à fond; pas une page sans qu'on ne décrive le paysage olfactif, et cette exploration originale apporte un vent de fraîcheur, car dans la plupart des romans, ce sens est totalement abandonné, la vue prime sur tout. Ce nouvel angle de vue est absolument innovateur! Par son biais, on se rend compte aussi que l'hygiène de la France du XVIIIe n'était pas tip top... On est souvent dégoûté par les descriptions des odeurs et puanteurs des rues et des gens, où l'auteur ne nous épargne rien, poussant même l'insolence à nous parler de la senteur forte des organes sexuels!
Et la fin, mon dieu quelle fin!! J'avais souvent remarqué que, lorsqu'on parlait d'un chaton ou d'un bébé, ou de quoi que ce soit d'un peu mignon, l'expression "Il est à croquer!" revenait souvent. L'auteur s'en est certainement rendu compte.... D'où nous vient cette manie de vouloir "bouffer" les êtres qui nous procurent de l'amour et du plaisir quand on les regarde? Quel est cet instinct étrange, bizarre, qui, s'il était exacerbé comme le décrit si bien le roman, nous mènerait peut être à des actes de cannibalisme??
Chapeau bas à ce livre superbe!
Spoiler!
Le parfum, ou l'amour dévorant....
Pourquoi ce livre est-il génial??
C'est une véritable pépite, je l'ai lu d'une traite. Je n'ai jamais rien lu d'aussi original, d'aussi frais (malgré certains côtés morbides.... tmtc), même La Horde du Contrevent ne le vaut pas! J'ai trouvé le texte bourré d'ironie noire, de cynisme si poussé à l'extrême que bien des passages m'ont fait rire. L'écriture est délicieuse. Jusqu'au nom du personnage principal qui est absurde: Jean-Baptiste Grenouille!!
Que fait donc ce Grenouille? Outre sa laideur exceptionnelle et son absence exemplaire de moralité (pour lui, point de bien, point de mal, uniquement sa quête du parfum parfait, et la fin ici justifie très bien les moyens), Grenouille est personnage unique en son genre, puisque dépourvu de la moindre odeur (pratique pour passer inaperçu) et paradoxalement doté d'un nez surpuissant, le fin du fin, qui lui permet de sentir toutes les odeurs de chaque atome à des lieues à la ronde. La seule chose qui semble un tant soit peu l'affecter est sans absence absolue d'odeur.
On le compare très souvent à une tique. Le narrateur n'a pas fait de cadeau à son personnage; il le tourne souvent en dérision, rien ne lui est épargné, ni les maladies, ni les cicatrices, ni la laideur, ni les déformations; d'ailleurs, tout est porté en dérision dans ce livre, où le respect pour la religion ou les ambitions humaines est totalement anéanti. On voit avec force tout l'égoïsme et les côtés purement profiteurs de certains personnages, tous ceux qui exploitent notre héros misanthrope, toutes les bassesses humaines. Entre le tanneur qui lui fait manger n'importe quoi et le traite moins qu'un animal quant aux conditions de vie, logement, travail, entre le parfumeur qui lui soutire sans scrupule toutes ses formules de parfum et s'arroge son talent, sans compter tous ceux, lorsque Grenouille tombe malade, qui veulent le voir vivre quelques jours de plus uniquement pour servir leurs intérêts; tout cela laisse à réfléchir.
Le monde des odeurs est exploité à fond; pas une page sans qu'on ne décrive le paysage olfactif, et cette exploration originale apporte un vent de fraîcheur, car dans la plupart des romans, ce sens est totalement abandonné, la vue prime sur tout. Ce nouvel angle de vue est absolument innovateur! Par son biais, on se rend compte aussi que l'hygiène de la France du XVIIIe n'était pas tip top... On est souvent dégoûté par les descriptions des odeurs et puanteurs des rues et des gens, où l'auteur ne nous épargne rien, poussant même l'insolence à nous parler de la senteur forte des organes sexuels!
Et la fin, mon dieu quelle fin!! J'avais souvent remarqué que, lorsqu'on parlait d'un chaton ou d'un bébé, ou de quoi que ce soit d'un peu mignon, l'expression "Il est à croquer!" revenait souvent. L'auteur s'en est certainement rendu compte.... D'où nous vient cette manie de vouloir "bouffer" les êtres qui nous procurent de l'amour et du plaisir quand on les regarde? Quel est cet instinct étrange, bizarre, qui, s'il était exacerbé comme le décrit si bien le roman, nous mènerait peut être à des actes de cannibalisme??
Chapeau bas à ce livre superbe!
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