Michel Pastoureau, né en 1947 à Paris, est un historien spécialisée notamment dans la période médiévale. Il a écrit Les couleurs de nos souvenirs, qui a remporté le prix Medicis essai en 2010, mais est aussi l'auteur de nombreux autres livres, dont la liste entière ne se trouve pas ici :p
Sa particularité se trouve dans l'étude approfondie qu'il dédie à la symbolique des couleurs; sujet que je trouve si original que je me suis surprise à feuilleter son livre, moi qui pourtant préfère limiter mes lectures à visée de divertissement aux romans, ou du moins, à un genre plus littéraire.
Néanmoins, j'ai été agréablement surprise par ce style d'ouvrage nouveau, ce documentaire très bien fait, qui prend le noir de l'Antiquité, avec ses significations, ses associations, toute sa symbolique, l'étudie sous toutes ces coutures durant son évolution dans les siècles, pour enfin nous le livrer tel qu'il est de nos jours, entre classe et modernité. Cependant, il faut savoir que le noir n'a pas toujours revêtu ces deux qualificatifs...
Bien que son analyse reste Occidentale, nous apprenons des anecdotes, des choses qui nous paraissent instinctives à premier abord. Ainsi, dans l'Antiquité, le blanc s'associait à celui qui priait, le noir à l'artisan producteur, et le rouge faisait davantage référence au guerrier. La symbolique des couleurs était très forte, et d'ailleurs, l'obtention d'une teinture noire était très difficile, avec le plus souvent un résultat hétérogène et terne, plutôt désagréable et plus gris que noir, relégué de fait aux classes inférieures.
Par ailleurs, on ne discernait pas le noir mais des noirs. Avec le temps, nous avons perdu ces nuances comme une perte de sensibilité, une baisse d'attention... La réduction de toutes ces nuances de noirs en un seul mot a entraîné en toute logique la réduction de toutes ses significations. On peut prendre l'exemple du corbeau, le noir brillant, l'oiseau qui sait tout, omniscient, divin, guerrier, on lui attribue la pensée et la mémoire. Cependant, sa symbolique peut être tout l'opposé et revêtir une connotation davantage péjorative, il est alors vu comme un charognard, diabolique, impur. "Un chrétien ne mange pas d'oiseaux noirs". La colombe, blanche, au contraire, est pure!
Selon la culture, le noir symbolise la nuit, le chaos et donc la mort, mais en Egypte, par exemple, le noir est la couleur de la renaissance, et la mort est plutôt liée au rouge, qui désigne le "feu éternel qui brûle sans éclairer".
Par ailleurs, on ne peut parler du noir sans le comparer aux autres couleurs, et, il est étonnant de constater que autrefois, le blanc et le noir n'ont pas toujours été un couple d'opposition! On avait par exemple, les couples rouge/noir, ou encore rouge/blanc.
Plus tard, les classes sociales se sont différenciées par la couleur de leurs vêtements. Les clercs et les veuves devaient adopter des tons sobres, discrets, lorsque les princes se paraient d'écarlate. Le noir ne deviendra une couleur prisée (autant que les couleurs plus vives) qu'à partir du XIVe siècle, puisque, eut égard aux lois concernant les couleurs des habits, les bourgeois à qui ont refusait naturellement les plus lumineuses couleurs, se sont rabattus avec dignité sur le noir, couleur majestueuse, digne, vertueuse même, symbole des vertus chrétiennes. Une certaine dimension éthique habitait la couleur, jusqu'au XVIème siècle encore! Le noir était également le signe du deuil, et on lui préférait parfois le gris, couleur de "vie et d'espérance", lequel tombait parfois, selon les périodes, dans la vague de la tristesse et de la vieillesse. Le brun, au contraire, a longtemps été la couleur des modestes et des paysans. Ensuite, avec les découvertes de Newton sur la couleur et le prisme chromatique, tout a été remis en question, au point de se demander si le blanc et le noir était effectivement des couleurs!
Bref, ce ne sont là que des petits points amusants du livres, et une lecture plus approfondie sera nécessaire pour assouvir toutes vos interrogations à propos de cette couleur à l'histoire chargée de symboles!
Sa particularité se trouve dans l'étude approfondie qu'il dédie à la symbolique des couleurs; sujet que je trouve si original que je me suis surprise à feuilleter son livre, moi qui pourtant préfère limiter mes lectures à visée de divertissement aux romans, ou du moins, à un genre plus littéraire.
Néanmoins, j'ai été agréablement surprise par ce style d'ouvrage nouveau, ce documentaire très bien fait, qui prend le noir de l'Antiquité, avec ses significations, ses associations, toute sa symbolique, l'étudie sous toutes ces coutures durant son évolution dans les siècles, pour enfin nous le livrer tel qu'il est de nos jours, entre classe et modernité. Cependant, il faut savoir que le noir n'a pas toujours revêtu ces deux qualificatifs...
Bien que son analyse reste Occidentale, nous apprenons des anecdotes, des choses qui nous paraissent instinctives à premier abord. Ainsi, dans l'Antiquité, le blanc s'associait à celui qui priait, le noir à l'artisan producteur, et le rouge faisait davantage référence au guerrier. La symbolique des couleurs était très forte, et d'ailleurs, l'obtention d'une teinture noire était très difficile, avec le plus souvent un résultat hétérogène et terne, plutôt désagréable et plus gris que noir, relégué de fait aux classes inférieures.
Par ailleurs, on ne discernait pas le noir mais des noirs. Avec le temps, nous avons perdu ces nuances comme une perte de sensibilité, une baisse d'attention... La réduction de toutes ces nuances de noirs en un seul mot a entraîné en toute logique la réduction de toutes ses significations. On peut prendre l'exemple du corbeau, le noir brillant, l'oiseau qui sait tout, omniscient, divin, guerrier, on lui attribue la pensée et la mémoire. Cependant, sa symbolique peut être tout l'opposé et revêtir une connotation davantage péjorative, il est alors vu comme un charognard, diabolique, impur. "Un chrétien ne mange pas d'oiseaux noirs". La colombe, blanche, au contraire, est pure!
Selon la culture, le noir symbolise la nuit, le chaos et donc la mort, mais en Egypte, par exemple, le noir est la couleur de la renaissance, et la mort est plutôt liée au rouge, qui désigne le "feu éternel qui brûle sans éclairer".
Par ailleurs, on ne peut parler du noir sans le comparer aux autres couleurs, et, il est étonnant de constater que autrefois, le blanc et le noir n'ont pas toujours été un couple d'opposition! On avait par exemple, les couples rouge/noir, ou encore rouge/blanc.
Plus tard, les classes sociales se sont différenciées par la couleur de leurs vêtements. Les clercs et les veuves devaient adopter des tons sobres, discrets, lorsque les princes se paraient d'écarlate. Le noir ne deviendra une couleur prisée (autant que les couleurs plus vives) qu'à partir du XIVe siècle, puisque, eut égard aux lois concernant les couleurs des habits, les bourgeois à qui ont refusait naturellement les plus lumineuses couleurs, se sont rabattus avec dignité sur le noir, couleur majestueuse, digne, vertueuse même, symbole des vertus chrétiennes. Une certaine dimension éthique habitait la couleur, jusqu'au XVIème siècle encore! Le noir était également le signe du deuil, et on lui préférait parfois le gris, couleur de "vie et d'espérance", lequel tombait parfois, selon les périodes, dans la vague de la tristesse et de la vieillesse. Le brun, au contraire, a longtemps été la couleur des modestes et des paysans. Ensuite, avec les découvertes de Newton sur la couleur et le prisme chromatique, tout a été remis en question, au point de se demander si le blanc et le noir était effectivement des couleurs!
Bref, ce ne sont là que des petits points amusants du livres, et une lecture plus approfondie sera nécessaire pour assouvir toutes vos interrogations à propos de cette couleur à l'histoire chargée de symboles!
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