Cyrano de Bergerac de Edmond Rostand

"Moi monsieur, si j'avais un tel nez, il faudrait sur le champ que je me l'amputasse!"
"C'est un roc!... c'est un pic!... c'est un cap! Que dis-je, c'est un cap?... C'est une péninsule!"
"Ne pas monter bien haut, peut-être, mais tout seul!"

Quelques quotes qui m'ont particulièrement plues!

Edmond Rostand est né en France en 1868. Il provient de la bourgeoisie marseillaise, et c'est un poète, un écrivain, un auteur dramatique, qui a écrit notamment Le gant rouge et Les musardisesLe romanesque est un succès, ainsi que L'Aiglon, Chantecler, mais le véritable triomphe ne viendra qu'avec Cyrano, avec, à la fin de la pièce, 20 minutes d'applaudissements à tout rompre... Il est associé au courant néo-romantique, le retour du romantisme après la coupure cassante du réalisme, avec l'emploi du lyrisme pour l'expression des sentiments. Sa littérature donne le change dans le théâtre naturaliste de l'époque.

Le néoromantisme est un courant qui nait à la fin du XIXème siècle, en contrepied du modernisme et du naturalisme qui prédominaient à l'époque. Le néoromantisme étudie les sentiments, et s'inspire du romantisme dans le choix des thèmes.

Cette pièce de théâtre, en cinq actes, est rédigée (en alexandrins svouplait) en 1897. Quelques accents comiques sont dénotés, un franche pathétisme/ romantisme, mais la fin reste tragique... L'auteur prétendait la pièce appartenant au genre comique héroïque, mais d'aucuns la qualifient de néo-romantique.



Comme vous pouvez vous en douter, si jamais vous n'avez pas en connaissance le personnage, Cyrano est un homme qui possède un nez apparemment assez encombrant, assez pour donner à son visage le qualificatif de "laid" et de "grossier". Ce "fatal cartilage" l'empêche de courtiser en toute liberté la belle qui a ravi son coeur... Il n'ose lui dévoiler ses sentiments par peur du rejet, par son odieuse laideur qu'il ne peut souffrir (le texte laisse assez deviner qu'il soufflète tous ceux qui osent lui faire une remarque sur son appendice nasal :p)

Roxane, la fille dont il est amoureux, est apparemment la cible courtisée de nombreux autres garçons, dont un certain Christian. Ce dernier, bien que très beau, est dépourvu du moindre trait d'esprit, aussi, pour la séduire, Cyrano propose son aide: à eux deux, ils allieront leurs qualités pour créer un être parfait. Les vers et l'esprit de Cyrano, et l'apparence de Christian. Roxane est si envoûtée qu'elle déclare à Christian: "Ce n'est plus que pour ton âme que je t'aime".

La personnalité de Roxane marque donc une évolution au fil du texte: alors qu'elle s'enferme au début dans l'apparence, se contente d'écouter, les mots écrits par Cyrano la touchent et lui laisse apercevoir une partie de son âme.

Le compte de Guiche, riche et puissant, use et abuse de son pouvoir pour obtenir des femmes ce qu'il désire, pour éloigner ses rivaux.

Cyrano, quant à lui, séduit par son panache. Il est d'une fierté à toute épreuve, se bat à coup de verbes et de vers, brillants. Sa rigueur et sa soif d'idéalisme l'empêchent d'accepter les compromis, de se faire acheter. C'est le héros romantique par excellence, brave, fort, avec le sens du sacrifice, qui sait parler d'amour à en faire tourner les têtes, sans pour autant oser se dévoiler, en raison de son vilain nez. C'est toute l'ambivalence du personnage... prompt à l'action, fanfaron, et, lorsqu'il se tient avec l'objet de son amour, tout pudique, il n'ose se déclarer. Les échecs le jalonnent malgré sa prestance: ce n'est pas lui qui récole le baiser de Roxane, ce n'est pas lui qui récolte la gloire avec les pièces inspirées par l'une de ses réparties. Il dira: "J'aurais tout raté, même ma mort". On dira de lui qu'"il fut tout et qu'il ne fut rien". 

Edmond Rostand ne respecte pas vraiment la fameuse règle des unités de temps, de lieu. Loin de durer 24h, l'histoire s'étend sur quinze ans, et les décors se bouleversent d'un coin à l'autre de la France.

Un livre à connaître, une pièce à voir! +++ 


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